Sauf-conduit du duc Antoine
[1 v.][1] Antoine, par la grâce de Dieu, duc de Calabre, de Lorraine et de Bar, marquis de Pont-à-Mousson, comte de Vaudémont, etc., à tous et à chacun, rois, monarques, princes, seigneurs, maîtres des cités, capitaines, gouverneurs, officiers, maîtres et responsables des équipages en mer, collecteurs des taxes, questeurs, gens d’armes et leurs hommes, tous ministres confondus, tant ecclésiastiques que séculiers et gens du commun, entre les mains de qui les présentes lettres parviendront, salut.
Nous portons à la connaissance de tous les faits suivants. Les vénérables Nicole Loupvent, moine et trésorier de l’abbaye Saint-Michel de Saint-Mihiel, au diocèse de Verdun, Bertrand de Condé, seigneur de Clévant, Charles de Condé, chevalier, archer à cheval de la garde de notre personne, Didier Le Dart, officier municipal, questeur de Pont-à-Mousson, nos sujets relevant de notre autorité, ont tenu, à ce titre, à nous exposer leur intention résolue, poussés en cela depuis longtemps par une ardente piété et animés d’une sincère dévotion, de partir pour l’étranger, afin de visiter, conformément au vœu solennel qu’ils en avaient fait, Jérusalem et les autres Lieux Saints, tant de Judée que de Syrie, et afin de pouvoir plus commodément trouver passage dans les territoires relevant de l’autorité de tous les princes, quels qu’ils soient, ainsi que dans les espaces urbains, et d’avoir accès aux propriétés, aux demeures et aux gîtes offerts à l’hospitalité, pour y obtenir les approvisionnements nécessaires, nous ont présenté leur humble requête dans une lettre, attestant de leur bonne foi et de leur loyauté.
Or, comme la plus grande partie des êtres humains dans leur ensemble respectent avec le plus grand scrupule soit les vœux religieux, soit les lois de la parole donnée, en veillant en particulier, cela va de soi, à ne pas tolérer que leurs gens réduisent à l’état de servitude leurs hôtes, quels qu’ils soient, ou les étrangers se présentant à eux, nous avons de bon gré remis et donné et nous confions et nous donnons le mandat et le présent certificat aux nobles personnes susdites, attestant par les présents qu’ils sont gens libres et de bonne naissance, en un mot nos sujets immédiats. En conséquence, à vous tous à qui le présent document parviendra, nous demandons de bien vouloir permettre que ces mêmes hommes de qualité, nos vassaux et nos sujets actuellement voyageurs à l’étranger, obtiennent obligeamment de vos hommes et de vos propres sujets libre passage et sauf-conduit, en même temps que toutes choses nécessaires à leur subsistance, tant à l’aller qu’au retour, après entente entre eux, cela va de soi, sur les prix pratiqués pour les transactions, de la même façon que nous nous efforcerions, si le cas venait à se présenter, de tout faire pour que tout ce que vous souhaiteriez obtenir pour vous-mêmes et vos vassaux, nous vous l’accordions, sans aucune hésitation, globalement et dans le détail.
En témoignage de quoi, en tout cas, nous avons signé de notre signature autographe la présente lettre, et de manière à lui conférer encore un surcroît de crédit, nous avons fait procéder à l’apposition, sous le texte, de notre sceau. Donné en notre citadelle de Bar, l’année du Seigneur mille cinq cent trente et un, le quatorzième jour d’avril.
[2] Le voyage de la sainte cité de Jérusalem avec la description et la représentation des itinéraires, lieux, ports, villes, cités et autres endroits, fait l’an mil cinq cent trente et un par moi, frère Nicole Loupvent, moine et trésorier au monastère de Monseigneur Saint-Michel de Saint-Mihiel de l’ordre de saint Benoît au diocèse de Verdun.