Dans nos sociétés actuelles, les religions prennent une importance toujours accrue. Sont-elles des facteurs de division ou de rapprochement ? Favorisent-elles le communautarisme ou le vivre ensemble ?
Pour répondre à ces questions, l’ISERL organise le Festival les Bobines du Sacré du 17 au 30 mars 2018.
Toutes les projections se font en présence de réalisateurs, de professionnels du cinéma, de spécialistes des sciences du religieux ou d’universitaires.
Contacts : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. / 04.26.31.87.98.
Prêtres, imams, rabbins, pasteurs, bonzes ou religieuses, il ne manque pas de « clercs » qui ont franchi le pas de l’engagement politique. Quel que soit le continent, que ce soit du côté du conservatisme ou du progressisme, on peut en retrouver dans la plupart des grandes luttes sociales et politiques des xixe et xxe siècles.
Pourtant ces engagements sont rarement étudiés d’une manière comparative. C’est pourquoi l’Association française d’histoire religieuse contemporaine a décidé de consacrer une de ses journées d’étude à cette question. Travailler sur l’entrée en politique des clercs, autrement dit sur leur politisation, c’est ainsi prêter attention à un aspect de cet effort permanent pour définir les relations entre religion et politique.
Les clercs, parce qu’ils ont une autorité religieuse, contribuent à recomposer ces relations et à déplacer ces délimitations lorsqu’ils s’engagent. La manière dont ils investissent leur rôle est en effet inséparable de la manière dont ils articulent leur foi et leur rapport au monde. Au fil des contributions la politisation des clercs se révèle une porte d’entrée remarquable pour observer l’évolution des rapports de force politique, social et religieux au sein des institutions et des sociétés.
Après une première étape préparatoire sous la forme de deux journées d’études en mai dernier, ce colloque international vise à réunir des chercheurs venant de l’anthropologie, de la sociologie, des sciences politique et de l’histoire des religions, dans une dynamique pluridisciplinaire pour l’appréhension du religieux. Nous partirons de l’importance du rôle joué par les Etats dans la définition et l’établissement de ce qui est religion et ce qui ne l’est pas, par leur pouvoir d’autorisation, d’officialisation, de légalisation, mais aussi de régularisation des rapports entre les différentes religions dans la société et dans la sphère publique. À ce titre, la ville et ses espaces publics constituent un théâtre majeur, une scène d’expression et de visibilité de ces processus politiques, mais aussi des conflits, concernant le religieux. Or dans le cadre de la mondialisation, différentes pratiques religieuses et religions ne cessent de se transformer et de se reconfigurer. Aux vues des nouveaux enjeux du pluralisme religieux, il s’agira d’appréhender ce que nous envisageons en tant que « gestion » politique et économique de la diversité religieuse dans la ville, et d’interroger les positionnements des Etats face à ces expressions contemporaines de religiosité, notamment en termes de rapports aux espaces urbains. On privilégiera également des travaux consacrés aux croyants, en tant qu’acteurs sociaux, et les modalités selon lesquelles ils expriment ou revendiquent leur droit à une égalité de traitement en tant que membre d’une communauté religieuse. C’est dans cette perspective qu’il conviendra de réinterroger la performativité de la laïcité, rapportée aux « nouvelles religions » et aux « communautés religieuses » qui se créent ou se renouvellent, et revendiquent la liberté religieuse.
Pour ce colloque international, nos réflexions sur les rapports entre religion et Etat se déploieront autour de trois axes privilégiés : les mots et les normes en jeu ; espaces, mobilités et territoires ; pluralisme religieux, relations interconfessionnelles.
Beaucoup aimeraient assigner à la religion un espace soigneusement délimité, de préférence celui du privé, voire de la vie domestique. Mais l’homme est un être social et le fait de croire ou de ne pas croire ne peut être isolé de la vie sociale. De cette vérité première, l’hôpital dont il est question dans le dossier est une remarquable illustration. Lieu de soins, il est aussi lieu de vie sociale. La neutralité commandée par la laïcité s’impose dans l’hôpital à ceux qui soignent dès lors qu’il s’agit d’un établissement public. Les personnels sont alors tenus de respecter l’obligation de neutralité liée à leur statut et rappelée à plusieurs reprises ces dernières années. Mais les patients qui viennent se faire soigner arrivent avec leurs croyances et ne peuvent être restreints dans leur liberté en matière religieuse dès lors qu’elle n’entrave pas la bonne marche des services et la qualité des soins.
Le dossier propose d’appréhender à travers la pratique des professionnels de la santé et l’observation des patients les situations qui naissent de ce vivre ensemble imposé et consenti, en matière de laïcité et de croyances religieuses. Il montre comment, en France comme au Québec, l’attention aux réalités, sans préjugés, permet de prendre en compte les aspirations des soignés et les exigences du soignant, à décrypter les demandes religieuses et à proposer des réponses ouvertes.
La question climatique dans un monde globalisé est devenue une question centrale. Le dossier est issu d’un colloque consacré aux acteurs religieux, en l’occurrence chrétiens, face aux changements climatiques. Pour le christianisme, la question du climat n’est pas une nouveauté mais la manière de l’aborder ne cesse pas de se transformer.
Comme dans toutes les religions abrahamiques, dès la Création, le climat est étroitement lié au plan divin. Entre nostalgie du Paradis, moment d’équilibre et d’harmonie interrompu par la faute originelle, et crainte du Déluge, expression de la colère divine, le croyant a cherché à se tracer une voie qui le protège et à donner un sens aux dérèglements de la nature.
Mais au fil des mutations socio-culturelles, la référence au religieux évolue et le discours s’adapte comme en témoigne l’encyclique Laudato si’ du pape François (2015). L’explication par une sanction divine fait place à la volonté de cerner scientifiquement les causes et de contribuer à une éthique universelle dans une perspective écologique. Et la religion trouve dans cet engagement de nouvelles énergies.